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Ailhaud à Saint-Marc, des citoyens excités vraisemblablement par eux, par Polvérel du moins, s’adressèrent à la municipalité pour demander l’autorisation d’ouvrir un club des Amis de la convention nationale, à l’instar de celui du Cap. Ajoutant foi aux démonstrations de patriotisme des colons partisans des idées et des projets de l’ancienne assemblée de Saint-Marc, et voulant les opposer aux agens de l’ancien régime ; ignorant d’ailleurs les excès auxquels se livrait déjà le club du Cap, ils pensaient sans doute que l’organisation du club de Saint-Marc était un moyen de combattre l’influence des contre-révolutionnaires. Mais Decoigne et Roi de la Grange, de leur côté, portèrent ces derniers à demander à la municipalité, que l’autorisation sollicitée ne fût pas accordée.

La municipalité renvoya ces deux demandes contraires à la décision des commissaires civils. Afin d’éviter une collision inévitable à Saint-Marc, ils se virent contraints d’engager les partisans du club à ajourner leur projet. On accusa le pusillanime Ailhaud d’avoir secrètement improuvé les dispositions de Polvérel en faveur du club, et d’avoir enhardi les agitateurs par cette coupable faiblesse.

Triomphans et fiers du succès de leurs intrigues, Decoigne et Roi de la Grange rassemblèrent leurs partisans en armes et se portèrent avec eux chez les commissaires civils : ils leur déclarèrent qu’ils ne souffriraient point l’embarquement d’aucun des habitans de Saint-Marc. Polvérel montra en cette circonstance toute la fermeté de son caractère. Agissant toujours par la persuasion et la puissance de la raison, il fit tous ses efforts pour rappeler les factieux à leurs devoirs. Les com-