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Jérémie apprenaient qu’ils agissaient encore de la même manière dans ce quartier. Mais les habitans de Saint-Marc s’empressèrent d’adresser une pétition à Sonthonax, pour réclamer contre la violation de leurs propriétés.

Nous donnons un extrait de cette pétition qui servit de base, à la fin de la même année, à un acte plus fameux, publié à Saint-Marc même contre les commissaires civils.

Saint-Marc, le 12 mars 1793.


Les citoyens de Saint-Marc et de ses dépendances, justement alarmés des suites de l’attentat qui a été commis dans la journée d’hier sur leurs propriétés, par une partie de leurs concitoyens, ci-devant dits de couleur, viennent réclamer du délégué de la République française l’exécution de la loi…

Précédemment, l’assemblée nationale avait mis sous la sauvegarde de la nation les colons et leurs propriétés.

Vos collègues et vous, citoyen commissaire, prévenus que des ennemis du bien public avaient fait précéder votre arrivée en cette colonie, de méfiance sur vos principes contre les propriétés, vous vous êtes empressés de rassurer les colons en déclarant solennellement, dans vos discours d’installation, qu’invariablement attachés aux lois que vous veniez faire exécuter, vous déclariez au nom de la métropole et de l’assemblée nationale, que vous ne reconnaîtriez désormais que deux classes d’hommes dans la colonie de Saint-Domingue : les libres, sans aucune distinction de couleur, et les esclaves ; vous déclariez qu’aux assemblées coloniales seules, constitutionnellement formées, appartient le droit de prononcer sur le sort des esclaves.

Vous déclariez que l’esclavage était nécessaire à la culture et à la prospérité des colonies, et qu’il n’est ni dans les principes ni dans la volonté de l’assemblée nationale de toucher, à cet égard, aux prérogatives des colons.

Vous déclariez que vous ne connaîtriez pour les amis de la France que ceux qui le seraient de la constitution, sauf les modifications que commandent l’esclavage et les localités.

Vous-même, citoyen commissaire, par votre proclamation du