Et c’est au mépris d’une déclaration aussi solennelle, et c’est sous les yeux de la loi même que des citoyens, égarés par une trop grande susceptibilité, que vous avez même désapprouvée par votre proclamation du 24 février dernier, viennent attenter sur les propriétés de leurs concitoyens, en enlevant publiquement et à main armée, jusque dans l’asile des citoyens, des esclaves dont la plupart sont la seule propriété de leurs maîtres !…
Jetez les yeux alors, citoyen commissaire, sur les suites affreuses qui peuvent en résulter, si l’on opposait quelque résistance à leurs demandes, et qui, au fond, n’auraient rien d’injuste, puisqu’elles ne seraient le résultat que des promesses qui leur auraient été faites. Il est sans doute impossible d’admettre aucune différence entre le mulâtre et le nègre esclave, puisque, suivant l’esprit de la loi et conformément à l’intention de tous les citoyens, l’état d’homme libre doit seul distinguer tous les individus existans dans la colonie, cette observation juste et qui peut entraîner par ses conséquences de très-sérieuses réflexions, mérite, citoyen commissaire, que nous vous priions d’y donner toute votre attention…
Cette pétition nous apprend que dans l’enrôlement opéré, on avait surtout pris les mulâtres esclaves.
Que pouvait opposer Sonthonax à une telle mise en demeure, fondée sur ses propres déclarations et celles de ses collègues ? N’était-ce pas aussi une protestation anticipée contre la liberté générale que ce commissaire se vit forcé de proclamer quelques mois après ? Aussi écrivit-il à la municipalité une lettre où nous remarquons ces passages :