Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/145

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s’emparer du fort Belair qui domine le Cap, et il voit bientôt arriver auprès de lui, avec leurs troupes, les officiers supérieurs Pierrot, Barthélémy, Flaville, Romain, Ignace et d’autres. De leur côté, B. Léveillé, N. Léveillé et Lechat, deux adjudans de place, parcourent la ville du Cap, en criant aux noirs : Si vous laissez périr le gouverneur et l’ordonnateur, vous deviendrez esclaves des mulâtres ; ils vous livreront aux Anglais. Telles sont les paroles que leur prête Laveaux.

Villatte fait alors arrêter B. Léveillé qui est mis en prison. Son régiment s’empare de suite de l’arsenal et de la poudrière, et une heure après, Villatte est contraint de retirer Léveillé de la prison et de le garder chez lui. Il fait prendre une attitude de guerre par Rodrigue, et le 1er régiment qu’il commande.

La municipalité était en permanence. Puech, autre blanc désigné comme chef de parti par Laveaux, y prononce un discours où il suppose les deux fonctionnaires coupables, tout en parlant du respect qui leur est dû. Mais le peuple lui répond par l’organe d’un individu qu’on ne nomme pas, qu’il s’oppose à leur élargissement, que la tyrannie est à son comble. La municipalité décide qu’ils garderont les arrêts, mais qu’il leur sera procuré les secours dont ils peuvent avoir besoin. Ces faits se passaient dans la journée du 1er germinal (21 mars).

Pierre Michel et les autres officiers réunis au Haut-du-Cap écrivent une lettre à la municipalité, à laquelle ils demandent avec instance la mise en liberté des deux fonctionnaires, sinon de leur faire savoir les crimes qu’ils ont commis. Cette lettre fut apportée par le célèbre Henri Christophe, alors capitaine, dont l’énergie, dit Laveaux, intimida la municipalité et les personnes qui s’y trouvaient