Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/179

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tion fut bientôt après reproduite par l’agence présidée par Sonthonax.

Cependant, le 11 mai, Adet répondit à T. Louverture pour le féliciter d’avoir eu le bonheur d’arracher de la prison les chefs de la colonie. Ce ministre ajoutait, pour le prémunir contre la violence, « que tous ces troubles devaient être attribués aux ennemis de la France et de sa colonie, qui, tour à tour agitant hommes de couleur, blancs et noirs, sèment la méfiance, commencent par égarer et finissent par pousser aux crimes. Parmi des citoyens, tous égaux, qu’il n’y ait qu’une rivalité : celle de combattre l’Anglais… »

Le même jour Adet écrivait à Laveaux qu’il avait reçu deux lettres de Villatte, des 14 et 22 ventôse (4 et 12 mars), renfermant des dépêches pour la France, qu’il lui priait de faire passer.

« Quelques expressions des lettres de Villatte, dit-il, me firent soupçonner qu’il n’existait pas entre lui et les chefs de l’administration, toute l’harmonie que le bien public exige. Cependant, citoyen, je dois vous le dire, la lettre du général Villatte, en me faisant soupçonner quelque mésintelligence, ne me laissait aucun doute sur son attachement à la République, à la liberté et à l’égalité : il désirait des commissaires pour réunir les cœurs et calmer les têtes. Si donc il a rompu la subordination, s’il a violé ses devoirs envers son chef, je me persuade qu’il a été entraîné à cette démarche par des conseils perfides, et je me flatte qu’il n’est point un traître.  »

Telle était l’appréciation du ministre Adet. Nous la donnons ici, comme atténuation de la faute commise par Villatte, que nous avons déjà jugée, et parce que nous n’avons aucun autre document à citer de ce dernier. Il