désirait des commissaires, civils sans doute, pour interposer l’autorité de la métropole dans la colonie, livrée à la malveillance évidente de Laveaux et de Perroud, avant l’affaire du 30 ventôse. On vient de voir que l’intervention de Roume fut inefficace. Bientôt on va voir ce qui advint pour lui à l’arrivée de nouveaux commissaires, de l’agence au Cap.
Le 11 mai, étant aux Gonaïves, T. Louverture informe Laveaux qu’il avait envoyé Clervaux, Desravines et Déssalines au Gros-Morne, pour arrêter Étienne Datty et ses agens qui croyaient T. Louverture disposé à les livrer aux Anglais, pour les rendre esclaves, mais qui tuaient tous les hommes de couleur. « Je suis devenu le loup blanc des méchans. Je suis assez fort pour tenir tête aux scélérats et les réduire, soyez-en bien persuadé. »
Le lecteur remarquera que c’est la seconde fois que le brigand Étienne Datty se soulève ; à la première, en tuant des blancs et des mulâtres, et Laveaux en accusa alors Pinchinat qui était au Cap ; à la seconde, il ne tue que des mulâtres, d’après T. Louverture. Cependant nous arriverons plus tard à un acte de ce dernier, où il attribua ces crimes à des mulâtres. Tel était le système de cette époque, de n’attribuer tous les crimes qu’à eux seuls, quoiqu’ils en fussent les premières victimes. Laveaux ne l’avait-il pas inauguré en attribuant la capitulation du Fort-Dauphin à la trahison de Candy, bien que ce mulâtre eût été victime de sa foi dans les Espagnols ?
Après la conférence des commissaires, le 14 mai, Roume avait également écrit à Bauvais et à Rigaud, pour leur faire connaître le projet sanguinaire de la faction coloniale, et les prémunir contre ses intrigues.
Le 15 mai Perroud adressa la lettre suivante à Rigaud :