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Le 19 mai, il écrivit à Laveaux que le lendemain il partirait de Santo-Domingo pour revenir au Cap :

« Nous serons accompagnés des citoyens J. Boyé, commandant de Jacmel, et Sala, député au corps législatif. Ces deux citoyens sont chargés par l’agent de la République de vous amener Villatte, s’il est encore dans son camp, et de porter avec eux l’olivier de la paix, pour que l’union et la confiance régnent entre vous et ce général de brigade. Nous vous porterons une lettre du citoyen Roume, par laquelle il vous engage à éteindre cette malheureuse affaire, et pour que la chose publique seule soit précieuse à tous les citoyens qui sont sous votre commandement. »

Mais déjà depuis le 12 mai, l’agence de la partie française était arrivée au Cap, et le sentiment de conciliation était banni du territoire de Saint-Domingue. Roume avait perdu son temps, si c’est jamais le perdre que d’essayer de ramener les cœurs à la concorde.


Pour terminer ce chapitre, nous donnons ici une lettre écrite de Paris le 23 mai, par Dufay à Laveaux. Il dut la recevoir quelque temps après les faits accomplis dont nous parlerons dans le chapitre suivant ; mais elle est curieuse, après ce que dit Perroud à Laveaux, de ce qu’il a appris de Roume sur le sort de Saint-Domingue. La voici ; elle était confidentielle :

« Je crois, mon ami, que tu as parfaitement vu (à ton ordinaire) l’objet de la députation qu’on voulait envoyer, ainsi que de celles qu’on a envoyées en France. Je l’aurais envisagé comme toi. J’aurais permis, et rien de plus.

« Je pense bien comme toi, mon cher Laveaux, sur la