gea sans pitié, à coup de sabre, toute cette population du Cap, et principalement les femmes : il y en eut 45 de blessées plus ou moins grièvement. Ce fait cruel est attesté par un témoin oculaire, par Barbault-Royer, qui dit, dans un écrit qu’il publia en l’an ve siècle : « J’étais présent à cette scène sur laquelle les commissaires jetèrent à peine leur attention. »
Ces malheureuses femmes étaient massacrées par Laveaux, qui se vengeait bassement ainsi des propos qu’on avait attribués à celles qui s’étaient rendues au camp de Villatte, quand Laveaux occupait la Petite-Anse après sa sortie de prison.
En rendant compte de ce fait sanguinaire, Marec explique l’intérêt que prit la population du Cap à Villatte, par tous les services que cet officier général lui avait rendus ; il dit que « sa venue au Cap excita un engouement extrême dans la classe des ouvriers et des marchands de denrées ; » il rappelle, à la louange de Villatte, « qu’au temps de l’affreuse famine subie dans cette ville, il réservait sévèrement pour les malades et les Européens, le peu de denrées d’Europe qui se trouvaient dans la place. Cette conduite l’avait rendu cher au peuple, et c’est ce qui explique le témoignage de sensibilité qu’il en recevait en ce moment. » Villatte n’était donc pas un ennemi des blancs !…
Le même rapporteur ajoute : « Laveaux, de son aveu, dans une de ses lettres du 17 messidor, (5 juillet), se crut obligé de déployer l’appareil de la force militaire pour dissiper cet attroupement qui allait, dit-il, devenir criminel. » Vaine excuse ! car il n’y avait de sa part que le désir atroce de se venger de cette population, qu’il avait poussée au mécontentement, par son despotisme inintelligent.