Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/198

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« Villatte, continue le rapporteur, passa deux heures dans le sein de la commission. Elle n’a point donné les détails de cette longue conférence ; mais le résultat fut de renvoyer Villatte à son camp, avec injonction d’instruire son armée des dispositions de la commission, de prescrire à cette armée de pourvoir par des détachemens à la garde des forts occupés par elle, et de ne recevoir désormais d’ordres que du général Laveaux. Villatte reçut aussi l’injonction de licencier tous les hommes qui l’entouraient contre le gré du général en chef (Laveaux), et d’attendre dans son camp des ordres ultérieurs pour se rendre au Cap, où il aurait la ville pour prison.  »

Cette décision prouve que la commission redoutait le dévouement de l’armée de Villatte pour cet officier : cette armée était en plus grande partie composée de noirs. Elle voulut qu’il la licenciât lui-même, afin de pouvoir l’arrêter après cette opération ; et pour mieux l’y porter, elle lui inspira la confiance dont elle avait besoin de pénétrer son esprit, en lui annonçant que toute sa punition, pour sa conduite dans l’affaire du 30 ventôse, se bornerait à lui faire garder la ville du Cap pour prison. Á cette décision on reconnaît l’esprit de Sonthonax.

Une réflexion nous vient. Si Villatte fut coupable dans l’affaire du 30 ventôse, la municipalité qui avait rendu des arrêtés pour légitimer le mouvement populaire, ne l’étaitelle pas aussi ? Pourquoi ses membres ne furent-ils pas appelés également pour expliquer leur conduite en cette occasion ?

Quoi qu’il en soit de cette partialité évidente, « le 26 floréal (15 mai), dit Marec, la commission prit à l’égard de Villatte un arrêté plus sévère. Ce jour elle avait entendu un rapport circonstancié sur l’affaire du 30 ven-