pas se dévouer corps et âme au succès du système que l’agence avait mission de faire réussir à Saint-Domingue, que Sonthonax, son chef, avait adopté par l’effet de ses préventions, de ses passions, de ses rancunes.
Nous avons vu Sonthonax, à la fin de sa première mission, animé de préventions contre tous les hommes de couleur, parce que des traîtres s’étaient montrés parmi eux ; nous l’avons vu se rapprocher plus des blancs colons que des hommes de couleur ; nous l’avons vu partial, favorisant Desfourneaux plus que Montbrun, et étendre sur tous les officiers, tous les fonctionnaires choisis et placés par Polvérel, la jalousie, le mécontentement qu’il éprouvait contre son collègue : tous ces faits, nous ne les inventons pas, c’est le rapport de Garran qui nous les a appris.
D’après toutes ces considérations, on conçoit facilement quel était le système que l’agence venait établir dans la colonie. Il faut en parler, avant de relater les autres actes de cette commission et les faits qui en ont été la conséquence : ce préalable est indispensable pour comprendre les uns et les autres.
Quel était donc ce fameux système ?
Il est clair, évident, que la puissance des colons ayant été détruite — par toutes les opérations de Polvérel et de Sonthonax, pour faire régner la loi du 4 avril 1792, — par la liberté générale, proclamée par eux, et confirmée par la convention nationale, — la classe blanche se trouvait au second rang et était remplacée au pouvoir, par l’ancienne classe intermédiaire, les anciens libres, les hommes de couleur, mulâtres et noirs. Or, dans cette dernière classe, les mulâtres étaient plus nombreux et plus instruits : la plupart de ceux qui exerçaient l’autorité en 1796, avaient été élevés en Europe. Étant en possession de l’influence et de l’auto-