Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/222

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mis d’aller visiter certains postes extérieurs, sans autorisation de l’agence, et qu’il en a même distrait les commandans, empiétant ainsi sur les attributions de Laveaux, son ancien subordonné. Cette grave accusation fut portée contre lui par l’agence, dans l’arrêté qu’elle prit pour ordonner sa déportation : elle l’a accusé de plus de s’être fait le centre des individus mauvais citoyens qui censuraient, sinon les actes de l’agence, du moins la conduite de certains d’entre eux ; d’avoir publiquement avoué qu’il gouvernerait militairement la partie espagnole, sans être tenu d’obéir aux ordres de l’agence. Leblanc, un de ses membres, ayant publié un article sur un journal fondé au Cap par elle, et s’étant servi d’une expression qui parut être une insulte dirigée contre le secrétaire de Rochambeau, ce secrétaire, nommé Paulin Goy, fut chez lui demander des explications à ce sujet. Il fut éconduit, et sur le rapport de Leblanc à ses collègues, l’agence arrêta sa déportation sur la frégate la Vengeance, parfaitement nommée à cette occasion. Cet arrêté porta Rochambeau à adresser une lettre à l’agence pour réclamer la mise en jugement de son secrétaire dont on se plaignait. C’eût été de sa part faire une démarche raisonnable et fondée sur la loi, s’il n’avait pas joint dans sa lettre des termes de mépris pour Leblanc, en disant qu’il ne respectait en lui que son caractère public, et en insinuant que cet agent était un ancien suppôt de Robespierre : ce qui, du reste, était vrai.

Là-dessus, l’agence prit son arrêté du 30 messidor (18 juillet), qui destitua Rochambeau de son commandement, en ordonnant qu’il retournerait en France sur la corvette le Berceau, avec deux de ses aides de camp, et que cet arrêté lui serait notifié. Mais l’ayant fait notifier sans les