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considérans, les motifs qu’elle y alléguait, Rochambeau se crut en droit de réclamer de les savoir avant d’obéir, et il protesta même contre cette décision, prétendant que l’agence n’avait aucun pouvoir sur lui, vu sa mission spéciale. L’agence, considérant sa lettre subversive de toute subordination et comme une nouvelle insulte, prit un autre arrêté en vertu de la constitution (qu’elle n’avait pas encore proclamée), qui ordonna son arrestation et son embarquement sur le Berceau, pour y être détenu à sa disposition. Rochambeau en ayant reçu la notification, se rendit de suite sur ce navire où il protesta de nouveau contre l’arbitraire de la décision de l’agence.

Pour mieux colorer ses motifs, en écrivant au ministre de la marine, l’agence lui rappela que dans le passage de Rochambeau aux États-Unis, il y avait eu des liaisons avec un grand nombre d’ennemis de la France, — les émigrés français ; elle l’accusa d’avoir des intentions contraires aux vues et aux intentions du gouvernement républicain. Les intentions et les soupçons suffisaient à cette agence pour arrêter et déporter.

Enfin, Rochambeau, débarqué à Rordeaux, y fut incarcéré dans le château du Ha. En le faisant remettre en liberté par les autorités de cette ville, le Directoire exécutif n’a pas moins maintenu sa destitution[1].

Pendant qu’il était au Cap, il écrivit au ministre de la marine la lettre suivante, qui est fort intéressante au point de vue historique :

« La partie française est la propriété de quatre corps d’armée de noirs et de quatre individus : — Laveaux,

  1. Il resta sans emploi en France jusqu’au 11 pluviôse an 8 (31 janvier 1800) : le gouvernement consulaire le réintégra, et il se trouva à l’armée de réserve qui gagna la bataille de Marengo.