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vu arrêté par les blancs de Jérémie, en février 1793 : c’était un noir respectable. Brothier et Louis Boisrond avaient été membres de la commission intermédiaire. Pétiniaud était de Jacmel où Sonthonax l’avait employé dans l’administration des finances, en 1794. Ainsi, cette députation se composait de 4 blancs : Sonthonax, Laveaux, Brothier et Pétiniaud, — d’un noir, Thomany, — d’un mulâtre, L. Boisrond, inféodé à Sonthonax, ami intime de J. Raymond avec qui il avait été longtemps en correspondance.

À propos de cette élection, A. Chanlatte écrivit une lettre à Rigaud où il lui disait que le général noir Pierre Michel surtout avait influencé ces élections, en déclarant hautement aux électeurs qu’il ne fallait pas nommer des mulâtres, parce que c’étaient eux qui avaient livré les villes de la colonie aux Anglais. Dans son écrit, Barbault-Royer confirme cette influence exercée par Pierre Michel[1].

Que cette allégation fut fondée ou non, toujours est-il que ces élections furent annulées par le corps législatif, à cause de leur irrégularité constitutionnelle. Dans son rapport, Marec, en mentionnant cette tenue de l’assemblée électorale, rappela que le Sud et l’Ouest avaient déjà nommé des députés au corps législatif, et que Brulley et d’autres colons prétendaient aussi à la députation, en disant qu’ils avaient été élus aux Cayes, le 12 septembre. C’était un mensonge imaginé par la faction coloniale, pour mieux faire annuler toutes les élections.

  1. Il paraît que lorsqu’il cessa de poursuivre les insurgés, c’était pour pouvoir assister aux élections : dévoué à T. Louverture, encore plus qu’à Sonthonax, il venait y assurer l’élection de cet agent et de Laveaux, que T. Louverture, voulait éloigner de la colonie. En 1799, il fut tué pour la cause de Rigaud !