Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/243

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« Quelques coups de bâton donnés dans un âge où l’on « peut se permettre ces incartades, et une affaire de galanterie sont pour vous des assassinats et des vols[1]. »

Admettons seulement cette affaire de galanterie, à cause des faits que nous devons signaler de sa part, pendant sa mission aux Cayes ; car, sous ce rapport, c’était un homme dissolu dans ses mœurs. Notre impartialité nous porte encore à dire que dans cet écrit de 1794, il prenait assez bien la défense des hommes de couleur de Saint-Domingue contre les colons, qui l’attaquaient ainsi qu’eux. On se rappelle en outre, que dans le club du Cap, en 1792, il les avait défendus, de même que Laveaux, Rochambeau et Sonthonax ; mais, en 1796, les temps étaient changés, il s’agissait d’un autre système.

André Rey, nous le répétons, avait été le complice des Badolet et des Mouchet, lorsque ces infâmes voulurent tuer André Rigaud, le 14 juillet 1793. Ayant fui des Cayes pour ne pas être arrêté, sur l’ordre lancé contre lui par Polvérel et Sonthonax[2] il s’était rendu à Jérémie où il servit sous les Anglais, avant de passer aux États-Unis et de là en France. Et c’était cet homme que Sonthonax envoyait aux Cayes, pour exercer une autorité supérieure sur Rigaud, qui avait versé son sang en défendant le territoire du Sud contre les Anglais !… Mais Rigaud était mulâtre, et Rey était blanc !

Kerverseau, le seul homme honorable parmi tous ces

  1. S’il fallait en croire le rapport de J. Raymond au ministre de la marine, après l’embarquement de Sonthonax, on pourrait ajouter à la charge de Leborgne, qu’il se connaissait en escroqueries nombreuses, commises à Tabago, à Paris, à Sainte-Lucie, à la Martinique et au Cap ; et il passait, ajoute Raymond, aux yeux de Sonthonax, pour un scélérat capable d’organiser le pillage, etc.
  2. Voyez le chapitre IX du 2e livre de cet ouvrage.