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des Cayes, déjà émue par l’arrestation et l’embarquement de Gavanon et Tuffet Laravine, deux hommes considérés et estimés. Les hommes de couleur et les noirs, soldats ou gardes nationaux, accourent en foule à l’Ilet et à la Tourterelle.

Les troupes européennes et les blancs de la ville se rendent à la maison occupée par les délégués. Desfourneaux s’y rend aussi.

Le général Bauvais, dont nous n’avons pas encore parlé, était aux Cayes avant l’arrivée de la délégation, par cause de maladie. Quoique, dans leur rapport imprimé, les délégués prétendent que Bauvais et Rigaud s’étaient rendus à Léogane pour délibérer, avec d’autres officiers de couleur, sur la question de savoir s’il faudrait admettre la délégation dans le Sud, et qu’Élie Bourri et Proya furent les seuls qui votèrent pour son admission, le besoin que les délégués avaient de semer la division, la désunion entre les chefs, les porta à ôter le commandement de l’arrondissement des Cayes à Augustin Rigaud, pour le donner à Bauvais, mais en lui ordonnant d’aller établir son quartier général à Léogane, comme place frontière. Il ne faudrait que cette décision pour faire juger de l’esprit qui animait cette délégation. Conçoit-on, en effet, que Bauvais devienne commandant de l’arrondissement des Cayes, à la résidence de Léogane, c’est-à-dire, à plus de 40 lieues du siège de cet arrondissement ? Que Bauvais, l’égal de Rigaud en grade, soit placé sous ses ordres aux Cayes ? La délégation avait donc le projet de retirer à Rigaud le commandement du Sud ? Cette décision nous explique alors le but de la présence de Desfourneaux aux Cayes ; en lui donnant le titre d’inspecteur général des troupes, c’était bien avec l’arrière-pensée de lui faire occuper la position