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sant (la lettre de Desfourneaux l’atteste également) ; que la liberté et l’égalité y régnaient en faveur de tous les individus, sans distinction de couleur ; mais que les délégués et Desfourneaux portèrent la perturbation dans toutes les parties du service, fomentèrent la désunion entre les citoyens, provoquèrent les événemens désastreux de la fin du mois d’août, par la dissolution de leurs mœurs, par leurs vexations, par leurs actes tyranniques[1]

Si on lit le rapport signé Leborgne et Kerverseau, on verra les éloges qu’ils font à chaque page de la conduite de Bauvais dans ces circonstances. Or, s’il s’est accordé avec les deux autres généraux pour blâmer la conduite des délégués et de Desfourneaux, il faut croire qu’elle était réellement blâmable.

Quant à Martial Besse, ce que nous en avons raconté dans notre deuxième livre, prouve l’attachement et le dévouement qu’il portait à Sonthonax ; et s’il a été d’accord avec ses collègues, c’est que la vérité est une.

Nous n’avons pas les rapports de ces deux généraux, mais nous possédons celui d’A. Chanlatte : on y lit ces passages :


En acceptant la mission que vous m’avez confiée, j’ai en même temps contracté l’engagement solennel de vous en rendre compte avec la franchise qui caractérise l’homme libre.

L’origine des malheureux événemens qui ont eu lieu dans le département du Sud, dans les journées des 9 et 10 fructidor, date de l’arrivée du général Desfourneaux dans ce département. Les premiers actes arbitraires qu’il a exercés se sont portés sur les officiers de la garde nationale de toute couleur et de tous grades, en leur faisant mettre bas leurs épaulettes, avec des paroles injurieuses… Ce général ne perdait pas de vue la haine qu’il a jurée aux hommes appelés de

  1. Mémoire de Rigaud en 1797, p. 46.