Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/280

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essayé d’en faire autant dans le Sud, écrivait au Cap même, à son retour des Cayes et par ordre de Sonthonax, cette accusation contre T. Louverture, qui fut transmise au Directoire exécutif ; et cela, afin de décliner toute responsabilité dans la désunion que fomentaient ces autorités elles-mêmes. Conçoit-on rien de plus machiavélique, de plus criminel ? Ce rapport fut contresigné pour copie conforme, par J. Raymond, Sonthonax et Leblanc.

Déjà, Giraud, dégoûté par les passions violentes dont il était témoin, avait pris le parti de retourner en France. Sa religion d’honnête homme, trompée à son arrivée, l’avait fait concourir aux premiers actes de l’agence ; mais, lorsqu’il eut reconnu qu’il servait les passions et le ressentiment de Sonthonax, il ne put plus continuer ce rôle passif.


Pour envoyer en France les députés au corps législatif, les commissaires de la commune des Cayes et son aide de camp, Rigaud fit équiper le brig le Cerf-Votant qui devait, sous pavillon parlementaire, aller à Plymouth, en Angleterre, et échanger des prisonniers anglais qu’il fit embarquer sur ce navire ; mais, avant de s’y rendre, le brig devait toucher à la Corogne, port d’Espagne, où les passagers descendraient. Toutes les dépêches adressées au gouvernement français furent cachées sous le lest du navire, et les passagers figurèrent sur le rôle d’équipage, comme matelots.

Bauvais ayant envoyé en même temps deux des députés élus dans l’Ouest, le Cerf-Volant quitta le port d’Aquin le 29 octobre. Le 1er novembre, il rencontra du côté de la Béate deux frégates anglaises, la Magicienne et le Québec, qui le capturèrent. À la vue des passagers portés comme