Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/360

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semblablement Laveaux n’a fait que le suivre d’après ses recommandations. Nous ignorons s’il ne Fa pas préconisé auprès du Directoire exécutif ; mais quand nous le voyons choisi pour tout diriger dans ces vues, quand nous le voyons avouer qu’il le connaissait fort bien, nous sommes forcément porté à induire qu’il a dû le recommander au Directoire exécutif.

Quoi qu’il en soit, à son arrivée, il trouve la situation extrêmement propre à en faciliter l’exécution : il en profite, et c’est tout naturel, puisque c’est dans son devoir et dans ses idées personnelles. Dans le but qu’il a mission de poursuivre, il élève T. Louverture au grade de général de division, en même temps qu’il envoie dans le Sud la délégation et Desfourneaux, pour enlever à Rigaud sa position et son pouvoir. T. Louverture peut-il ne pas profiter encore des bonnes dispositions de Sonthonax à son égard ? Rien n’est plus naturel de sa part.

Les fautes, les excès de la délégation et de Desfourneaux amènent une crise sanglante aux Cayes, et la province du Sud est mise hors la loi par l’agence, qui a tout provoqué par ses perverses combinaisons. Afin de compléter l’œuvre de ce machiavélisme odieux, Sonthonax, qui est devenu le seul membre agissant, par le départ de deux de ses collègues, se livrant alors à toute l’ardeur de son caractère despotique, de ses conceptions présomptueuses, sème autant qu’il peut la division entre les officiers supérieurs, proscrit Rigaud tout en redoutant son immense influence. Pour mieux assurer sa perte et sauvegarder sa propre autorité, il élève T. Louverture au généralat en chef, dans l’espoir d’en faire un instrument de ses passions et de la politique du Directoire exécutif, dont il se vante de posséder le secret ; il reçoit enfin l’approbation de tous ses