actes, de toutes ses mesures acerbes, de la part de ce gouvernement.
Mais, T. Louverture qui l’a vu sacrifier Desfourneaux pour faciliter son élévation, qui a vu tous ses procédés arbitraires, qui a pénétré les replis de cet esprit dont la domination est le partage, peut-il se laisser aller à une confiance aveugle en cet agent de la France ? Si son ambition a été satisfaite par son élévation, ne se voit-il pas exposé au mécontentement de ses troupes, dénuées de tous les secours dont elles ont besoin, et que ne peut satisfaire une administration vicieuse autant qu’incapable ? Peut-il être dupe de la faiblesse de celui qui ne lui offre aucun moyen de sortir de ses embarras militaires ? Ne sent-il pas que, débarrassé de lui, il pourra mieux faire ? Il le sentait déjà depuis longtemps.
Mais, à ce moment, il apprend que si le Directoire exécutif a approuvé ses agens et surtout leur chef, celui-ci a pu être attaqué à la tribune nationale par un colon, il est vrai, par toute la faction coloniale ; mais enfin, il est prouvé qu’il n’est pas invulnérable, que son administration est contestée. En ce moment encore, Sonthonax se livre à des mesures excessives, tout en reconnaissant qu’il ne peut rien sans le concours du général en chef ; il abaisse son autorité devant lui, il est à bout de son prestige. N’est-ce pas alors l’instant propice pour exécuter le dessein longuement médité de l’envoyer occuper son siège au corps législatif ? T. Louverture a trop de sagacité pour ne pas le voir, et il prend enfin sa résolution. La correspondance secrète qui paraît avoir réellement existé entre lui et Rigaud, vient en aide à son projet, soit qu’il y ait eu concert entre eux, soit que seulement les considérations exposées à ses yeux par Rigaud l’aient fortifié dans ses