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au conseil des Cinq-Cents ; le second adressé au Directoire exécutif ; le troisième en réponse aux diatribes lancées contre lui et les hommes de couleur, par Leborgne, Garrigou, Lachapelle et Sonthonax, dans leurs discours ou les écrits qu’ils publièrent ; Rey Delmas ayant publié aussi d’autres écrits, un membre du conseil des Cinq-Cents, nommé Poncet Delpech, fit une motion en leur faveur et tendante à leur faire accorder à chacun une somme de six mille francs, en dédommagement de leurs frais de voyage, ou plutôt comme indemnités dues pour leur longue captivité par les Anglais. Cette somme leur fut comptée : ils étaient tous deux dans le dé nûment. Il est à présumer que l’embarquement forcé de Sonthonax par T. Louverture entra comme considération dans cette décision : on commençait à voir un peu plus clair en France, sur les affaires de la colonie.

Pinchinat publia un dernier écrit le 6 octobre 1798, intitulé Sonthonax réfuté par lui-même, ou Réponse à son écrit du 19 juillet. Il paraît que, s’acharnant toujours contre les victimes de sa politique passionnée, Sonthonax essaya encore de calomnier Pinchinat et les hommes de couleur en général. Les indemnités accordées à Pinchinat ayant été votées le 4 juin, l’écrit de Sonthonax du 19 juillet (que nous n’avons pas) paraît avoir eu pour but de démontrer que cette espèce de réparation faite à Pinchinat ne lui était point due. L’écrit de celui-ci est peut-être le meilleur de tous ceux qu’il a faits : il est rédigé avec une véritable éloquence. Ce fut le dernier qu’il publia en France où il continua de résider jusqu’à sa mort, arrivée le 30 avril 1804, dans l’infirmerie de la Force, à Paris. Il succomba, à l’âge de 58 ans, à ses chagrins, occasionnés surtout par la misère la plus profonde, et les persécu-