Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/446

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Or, le rapport de Leborgne nous apprend (page 85) que Roume avait dénoncé Rigaud au Directoire exécutif, en lui transmettant de nombreuses pièces contre ce général. C’était de sa part une singulière manière de conserver le droit de le défendre de toutes les imputations dont il était l’objet. En 1799, on verra jusqu’à quel point Roume poussa cette duplicité.

Enfin, le 9 juillet, T. Louverture écrivit à Hédouville qu’il attendait Rigaud incessamment au Port-au-Prince, pour arrêter le plan de campagne contre Jérémie, et qu’alors il ferait marcher Clervaux contre le Môle, afin que les Anglais ne pussent pas porter toutes leurs forces sur l’autre point.

Le 13, il lui écrivit pour lui annoncer l’arrivée de Rigaud :

« Comme il m’a témoigné le désir qu’il a de vous voir, je lui ai proposé de l’accompagner en toute diligence jusqu’au Cap, malgré que je suis un peu indisposé : ce qui me procurera le plaisir de vous voir pendant deux fois vingt-quatre heures, bien persuadé que cette défi marche vous sera aussi agréable. En conséquence, j’ai l’honneur de vous donner avis que nous arriverons sous peu de jours. »

Ce désir de Rigaud de voir l’agent, qu’il savait porteur de l’ordre facultatif de sa déportation, était bien naturel de sa part, quoique cet agent n’eût pas manifesté ce même désir et ne se fût pas empressé de lui écrire. Il venait de donner des preuves signalées de son dévouement à la France, et il devait s’assurer si l’agent lui en tiendrait compte.

Bauvais éprouvait le même désir ; il écrivit le 15 juillet à Hédouville pour lui exprimer le regret de ne pouvoir ac-