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chose publique. » Et il lui rappela alors que pour lui donner une preuve de sa confiance, il lui avait communiqué ses instructions et l’avait consulté sur les principales mesures qu’il avait déjà prises.

Mais revenant sur ce qui concernait Volée, T. Louverture lui fit des observations, d’ailleurs fort judicieuses, à propos de l’affermage des biens séquestrés. Le directeur des domaines, installé au Cap, exigeait que les personnes qui voulaient affermer ces biens, s’y rendissent pour suivre les criées publiques qui se faisaient par devant lui. T. Louverture exposa que c’était leur occasionner des fatigues et des frais inutiles, et que si l’agent lui-même n’avait point confiance en la probité de Volée, il devait envoyer au Port-au-Prince un employé chargé de présider à ces criées. Hédouville maintint la mesure, et finit cependant par céder aux observations du général en chef, qui s’insérait ainsi dans des matières qui n’étaient nullement dans ses attributions. Leur correspondance à ce sujet est empreinte d’aigreur.

Peu de jours après, l’agent lui écrivit à l’égard d’un citoyen Bourget qu’il avait fait arrêter au Dondon et envoyer aux Gonaïves. Sur la plainte de cet homme, l’agent avait fait venir pardevant lui le commandant militaire du Dondon, qui, pour son excuse, exhiba l’ordre de T. Louverture qui prescrivait d’arrêter Bourget, de le bien lier et garotter : en cet état, des gendarmes l’avaient contraint à faire la route nu-pieds. Hédouville lui démontra que c’était un ordre arbitraire et vexatoire de sa part, qu’on l’avait trompé en le lui faisant signer. À ce reproche, la vanité de T. Louverture s’exalta au point qu’il répondit à l’agent :

« Il est vrai que j’ai péché, et que c’est un ordre arbi-