Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On voit par ce qui précède, qu’Hédouville devait être plus satisfait de la convention conclue entre les colonels Dalton et Stewart, pour l’évacuation du Môle, que de celle conclue à Jérémie entre Huin et Harcourt.

Mais le 23 août, le général Maitland étant rendu au Mole, lui adressa une lettre où il lui disait « qu’il avait reçu le 21, les pièces relatives à la convention consentie par le colonel Stewart ; que c’était avec un étonnement et une surprise extrêmes qu’il les avait reçues ; qu’il ignorait sur quel fondement Stewart et Dalton avaient pu se baser pour prendre de tels arrangemens ; qu’ils n’en avaient pas les pouvoirs, et qu’en adressant à Hédouville sa lettre du 6 août, il n’avait pas entendu arriver à une telle convention. Ainsi, disait-il, cette convention est nulle, elle ne peut me lier ; car je vous avais averti que j’envoyais le colonel Harcourt auprès du général en chef T. Louverture. Une convention relative à l’évacuation du Môle a été signée et ratifiée de part et d’autre. Mais je serais heureux, si je puis, sans y contrevenir, prendre de nouveaux arrangemens avec vous et conformes à ses dispositions. »

Le fait est, que Maitland trouvait la convention conclue au Môle, trop humiliante pour la Grande-Bretagne et pour lui-même, en s’obligeant à replacer au Môle toute l’artillerie et les projectiles dans le même état où les Anglais avaient trouvé les choses, et quel que fût le lieu où ces objets pouvaient se trouver dans le moment. L’artillerie du Môle comptait au moins 200 bouches à feu en 1793 : plusieurs avaient pu être déplacées depuis cinq ans, pour armer d’autres places ; peut-être même les Anglais avaient-ils enlevé les plus belles pour les transporter à la Jamaïque ou ailleurs. Ils avaient dû y prendre des boulets et des