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bombes pour être employés dans les autres villes où ils combattaient, lorsqu’ils n’en avaient guère besoin au Môle. Il était à prévoir aussi qu’ils ne pourraient pas enlever de cette place bien des objets, que la convention les obligeait à y laisser : une lettre de Chatel, commissaire français envoyé par Hédouville, en date du 1er jour complémentaire de l’an 6 (17 septembre) lui dit que les Anglais avaient brûlé beaucoup d’objets de marine qu’ils ne pouvaient emporter.

Maitland, ne pouvant pas ou ne voulant pas avouer ses vrais motifs, aima mieux escobarder la question, en discutant sur les pouvoirs qu’il avait donnés au colonel Stewart, et même sur ceux donnés par Hédouville au colonel Dalton. Il parut ainsi être de mauvaise foi, et il l’était en effet. Mieux eût valu qu’il eût dit à Hédouville, qu’une telle convention ne pouvait être ratifiée par un général anglais.

Mais, Hédouville vint à penser qu’en agissant ainsi, Maitland s’était entendu avec T. Louverture pour lui faire jouer un rôle de dupe.

En effet, il reçut en même temps de ce dernier une lettre sans date, fort longue, où T. Louverture se plaignait avec aigreur du peu de confiance qu’il avait en lui, en envoyant Dalton au Môle pour traiter de l’évacuation, tandis que lui faisait traiter à ce sujet par Huin. Il rappela à l’agent la première lettre qu’il lui avait adressée à son arrivée, où il lui disait de se méfier des faux patriotes ; il lui dit qu’il voyait bien que leurs calomnies avaient réussi à inspirer des méfiances contre lui ; et en rappelant d’ailleurs diverses autres circonstances qu’il reprochait à l’agent, ses répétitions continuelles relatives aux émigrés, il promit de se conduire toujours bien. C’est alors seulement qu’il