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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/475

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Indigné de tant de ruses de la part de T. Louverture, Hédouville répondit le 5 septembre à sa lettre, en lui disant : « Je vous féliciterais de la réception qui vous a été faite par le général Maitland, si je n’étais pas convaincu que vous avez été la dupe de ses insignes perfidies, puisque vous n’avez pas craint de me mander que vous le croyez de préférence à moi. Que signifie cette quantité d’émigrés qui affluent dans nos ports sur des parlementaires anglais ? Vous auriez dû vous rappeler les ordres et instructions que je vous ai donnés, et vous pouvez compter que je veillerai à ce qu’il n’y soit fait aucune infraction. »

Ce langage prouve la dignité de l’agent de la France, le courage du militaire et la sévérité de l’autorité supérieure ; mais Hédouville n’exerçait qu’un pouvoir tout moral : la force était du côté de T. Louverture. Hédouville le sentit si bien, que dès le 1er septembre il avait écrit à Sannon Desfontaines, commissaire du pouvoir exécutif aux Gonaïves, — qu’il voyait avec peine que des intrigans cherchaient à faire sortir le général en chef des bornes de son devoir, et à exciter entre eux une mésintelligence qui serait funeste à la colonie. Il paraît que cet officier public était un ami de T. Louverture, et que l’agent s’adressait à lui comme intermédiaire : d’autres lettres lui ont été adressées ensuite, dans le but d’opérer un rapprochement entre l’agent et le général en chef.

Le 2 septembre, le chef de brigade Boerner informa l’agent que le régiment noir de Dessources venait de débarquer à Saint-Marc avec ses officiers, et que leur arrivée avait excité des plaintes et des propos de la part de la 4e demi-brigade qui faisait des menaces contre les blancs. Le même jour, étant au Port-de-Paix, T. Louverture lui