Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépensé des sommes énormes, perdu beaucoup de troupes dans la guerre et par la fièvre jaune, ils ne soutenaient leur occupation que par les troupes du pays ; le général Maitland fut envoyé pour décider de la question de l’évacuation suggérée au retour du général Simcoë en Europe ; il adopta ce parti, parce qu’il fut lui-même convaincu de son utilité pour son pays.

À ce sujet, Kerverseau dit encore : « Il fallait donc des « motifs bien puissans pour déterminer Maitland au sacrifice d’une place (le Môle), que son gouvernement mettait sur la même ligne avec le Cap de Bonne-Espérance et Trincomaley ? Il s’y décida cependant, malgré l’opposition formelle du gouverneur de la Jamaïque et de l’amiral Parker. » Cette résolution de sa part prouve qu’il jugea mieux que ces deux Anglais, et son gouvernement l’a d’ailleurs approuvé.

Qu’il ait proposé ou conseillé à T. Louverture de se faire Roi, c’est encore possible, pour mieux obtenir de lui les avantages commerciaux qu’il demandait, en flattant sa vanité.

Mais, quant à l’expulsion d’Hédouville, le général en chef la méditait déjà, dès qu’il eut été annoncé pour remplacer Sonthonax : son ambition lui suggérait ce nouvel attentat, pour rester la seule autorité supérieure de la colonie. Kerverseau n’a-t-il pas constaté qu’une faction, de Paris même, avait préparé cet événement, en prévenant T. Louverture contre Hédouville ? Cette expulsion entrait dans les vues des colons, ainsi que nous l’avons fait remarquer dans le 3e chapitre de notre deuxième livre : ils avaient toujours désiré que la France n’eût aucun agent à Saint-Domingue, pour entraver leur projet de séparer relativement cette colonie de la métropole. Ils avaient aidé