que, quelle que soit l’ingratitude dont on pourra payer « mes services, je ne laisserai pas d’empêcher toujours, par tous les moyens que me donne une influence bien acquise, que les noirs ne se montrent dignes de la liberté. » Il s’excusa de n’avoir pu se rendre à la fête de la République, à cause des pluies torrentielles qu’il avait fait depuis quelques jours, et qu’il a même failli de se noyer dans une rivière où il a perdu son sabre. Cette tempête est effectivement constatée dans une lettre d’Hédouville même.
En post-scriptum, T. Louverture lui apprit que le général Spencer avait envoyé auprès de lui un officier pour l’inviter à aller au Môle, le 1er octobre (10 vendémiaire), afin de prendre possession de cette place ; et qu’il s’y rendra pour l’opérer à la satisfaction de tous, quoique l’adjudant-général Idlinger y soit comme son représentant.
Le même jour, 22 septembre, une seconde lettre à Hédouville revient sur ses éternelles plaintes : le général en chef était décidément un boudeur que rien ne pouvait ramener. Il dit à l’agent : « J’ai été esclave, et je ne suis devenu libre que par la France : je ne puis donc être ingrat envers elle ni contraire à sa constitution. Cependant, d’après vos précédentes lettres, ma conduite depuis quelque temps, et surtout depuis votre entrevue avec le général Rigaud, est presque une infraction continuelle à la loi. » Au sujet du pardon prononcé à l’église du Port-au-Prince, en faveur de personnes qui ne seront pas des traîtres, il l’expliqua par ses sentimens religieux qui lui commandaient l’indulgence envers ses semblables.
La bombe avait enfin éclaté ! T. Louverture avouait sa jalousie contre Rigaud, qu’il croyait préféré par Hédouville !…