Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/497

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N’était-il donc pas assez perspicace pour découvrir le but de la politique de cet agent, obéissant aux ordres du gouvernement qu’il représentait ? Cette politique était-elle autre que celle de Laveaux, de Perroud, de Sonthonax et de toute la faction coloniale, qui l’avaient successivement suscitée par leurs intentions déloyales, pour pouvoir perdre T. Louverture un jour, comme ils avaient terrassé Villatte, comme ils réussirent à terrasser Rigaud ? Quel aveuglement de la part de ce noir, célèbre par son génie et à tant d’autres titres !

Par une lettre du 26 septembre, Hédouville consentit à ce qu’il se rendît au Môle et l’y engagea même. En même temps, l’agent écrivit à Sannon Desfontaines qu’il désirait que le général en chef vînt au Cap, en sortant du Môle ; qu’il causera avec lui de ses vues, que ce général verra qu’il a confiance en lui.

La fête avait célébré l’anniversaire de la fondation de la République française. Hédouville envoya des exemplaires imprimés du discours qu’il y avait prononcé, à T. Louverture à qui il adressa une lettre, en date du 2 vendémiaire (23 septembre). Il appuyait la profession de foi qu’il avait faite, de ses principes en faveur de la liberté générale et pour le bonheur et la prospérité de Saint-Domingue, en l’engageant de nouveau à avoir confiance en lui :

« J’y compte d’autant plus fermement, disait-il, que le bonheur de cette colonie et votre propre gloire en dépendent… Je ne m’écarterai pas de la maxime vraie en politique comme en législation, — qu’il ne faut juger les hommes que d’après leurs actions. Aussi, passant à l’application, trouvé-je dans les services que vous avez déjà rendus à la colonie, la certitude que vous ne cesserez pas de lui être utile. On chercherait vainement à me persuader le con-