Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/517

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avons omis aucune autre, nous donnons celle-ci tout entière, afin que le lecteur la juge avec nous et puisse aussi juger Rigaud, dans sa conduite à l’égard de T. Louverture.

Mais, comme nous ne pourrons porter un jugement équitable sur Rigaud, qu’après la production d’autres faits, d’autres actes qui rentrent nécessairement dans un autre livre, nous ajournons l’examen de sa conduite politique et militaire, dans ce livre où nous grouperons tout ce qui le concerne.

Examinons maintenant la conduite d’Hédouville, de cet agent de la France, jetant à son départ la pomme de discorde à Saint-Domingue. Mettons dans cet examen la même impartialité qu’à l’égard de Polvérel.

Nous avons peut-être assez parlé du but de sa mission, pour nous dispenser de démontrer qu’en agissant comme il a fait à son départ, Hédouville y parvenait parfaitement. Mais il est convenable d’y revenir, afin de constater la situation dans laquelle il laissait Saint-Domingue, et de faire comprendre les événemens qui vont s’accomplir.

Il est constant que dans le système politique adopté par le Directoire exécutif à l’égard de cette colonie, en y envoyant comme son agent, un militaire, un général de grande réputation, c’était pour contenir l’ambition effrénée de T. Louverture qui, devenu général en chef de l’armée, ne voulait plus souffrir une autorité supérieure à la sienne. Hédouville avait aussi pour mission la faculté d’arrêter et de déporter Rigaud, ou de le laisser en fonction, selon les circonstances. Il arrive à Santo-Domingo et apprend que l’un et l’autre général continuent de combattre les Anglais i là même, il en rend témoignage au ministre de la marine. Il se rend au Cap, et apprenant par T. Louverture que Rigaud vient de repousser l’ennemi dans les