Ces généraux retournent à leurs postes, pour poursuivre le cours des opérations militaires contre l’ennemi. Une correspondance pleine de ménagement de la part de l’agent continue avec le général en chef. Si, parfois, il lui tient le langage de l’autorité, c’est pour revenir ensuite à tous les témoignages de haute considération pour lui.
À l’égard de Rigaud, pourquoi l’a-t-il renvoyé à son commandement ? Serait-ce parce qu’il se convainquit que ce général était plus attaché à la France que le général en chef ? Erreur de le croire ; car Rigaud, aux yeux d’Hédouville comme à ceux du Directoire exécutif, avait le tort de ne pas vouloir la prépondérance de la classe blanche dans la colonie ; il avait le tort aussi de ne pas aimer les colons. Il n’avait qu’un mérite pour l’agent du Directoire : c’était de haïr les Anglais, d’avoir constamment refusé leurs offres, de les avoir combattus avec vigueur. Mais encore, ce mérite même avait-il racheté ce que l’on considérait comme des torts de sa part ? Ne l’avait-on pas enveloppé dans l’accusation portée en 1796, contre la classe entière des hommes de couleur, même avant les affaires de fructidor ?
Quant à T. Louverture, son tort réel aux yeux du Directoire et de son agent, c’était de prétendre à être le chef supérieur de la colonie, à vouloir, lui noir, occuper la place d’un blanc. Car est-il possible de croire que ni le Directoire ni son agent aient vu avec déplaisir que T. Louverture tendait à replacer les colons dans tous leurs privilèges ? Hédouville, charmé de son amnistie pour les villes de l’Ouest, ne lui avait-il pas écrit de l’étendre ? Et à l’égard des émigrés, jusqu’alors bannis du territoire français, est-il encore possible de croire que le Directoire et son agent n’entrevoyaient pas le moment où il faudrait