entre des hommes tels qu’Hédouville, Rigaud et T. Louverture ?
Il nous suffirait de nous en tenir à la relation déjà donnée du voyage de Rigaud avec le général en chef, pour renverser cet échafaudage où Rigaud est représenté comme sollicitant une entrevue de l’agent pour trahir la confiance de T. Louverture, commettant envers son chef, son frère, la plus lâche délation, quoique M. Madiou dise de lui qu’il avait un caractère audacieux et chevaleresque. Ce dernier terme exclut la possibilité d’une telle bassesse ; car on n’est pas chevaleresque sans avoir de l’honneur, et l’honneur exclut la trahison de confidences intimes.
Mais, pour apprécier ces traditions, qu’on se rappelle donc que T. Louverture, essentiellement politique, était d’un caractère très-méfiant ; il devrait d’autant plus se tenir en garde contre Rigaud, son rival, d’après M. Madiou lui-même. Ce n’est pas T. Louverture qui aurait commis une telle faute, après avoir tenu le monologue que cet auteur rapporte aussi, lequel prouverait qu’il se méfiait déjà de Rigaud, au point de vouloir le faire arrêter à son passage au Port-au-Prince. Et T. Louverture aurait dévoilé toute sa pensée, toutes ses vues à Rigaud ! Il l’aurait recommandé aux cultivateurs du Nord, comme son futur successeur au pouvoir, après avoir dit que la caste des mulâtres est supérieure à la caste des noirs ! T. Louverture aurait fait un tel aveu !…
Ensuite, quelles étaient donc les preuves qu’il avait données jusque-là de son attachement aux hommes de couleur, aux mulâtres enfin, pour qu’il fût porté à appeler l’attention de Rigaud sur la nécessité de ne pas se désunir, de maintenir au contraire l’union entre les deux classes ? Qu’on se rappelle les termes de ses lettres à La-