veaux, de la proclamation qu’il lâcha à propos de Villatte, M. Madiou les a sans doute ignorées, pour avoir parlé ainsi des sentimens de T. Louverture. Toute sa conduite dans l’affaire du 30 ventôse n’avait-elle pas décelé plutôt son antipathie pour les hommes de couleur, pour ces monstres que l’enfer a vomis sur la terre de Saint-Domingue ?
Mais, nous le répétons, aux yeux de T. Louverture, les mulâtres, les noirs, les blancs eux-mêmes quoiqu’il parût les aimer, tous les hommes enfin, n’étaient que des instrumens qui devaient servir à son élévation, à son ambition démesurée, à la satisfaction de son orgueil. Il n’en haïssait aucun, ou il les haïssait tous. C’est plutôt les haïr que les aimer, quand on adopte le système de gouvernement indiqué par Machiavel et qui les fait considérer comme des instrumens, des machines. Un chef doit se conduire autrement à l’égard de ses semblables ; car la nature ne lui a donné aucun droit sur eux : il n’est chef que par leur volonté, et cette volonté est nécessairement intelligente.
M. Madiou prétend encore, toujours d’après les traditions orales, que dans ce même voyage de Rigaud :
« Hédouville exalta son patriotisme contre T. Louverture ; qu’il lui confia le commandement du Sud, le rendit indépendant du général en chef ; qu’il lui ordonna de le seconder vigoureusement, dès qu’il commencerait ses attaques dans le Nord contre le chef noir ; qu’Hédouville et Rigaud gagnèrent au parti de la métropole Pierre Michel, Barthélemy, Golard, Bellegarde, Dalban, tous officiers d’une grande influence ; que des cultivateurs de diverses communes furent aussi gagnés au parti de Rigaud ; que Rigaud partit pour le Sud… en organisant des conspirations sur toute sa route contre T. Louverture qu’il croyait per-