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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/64

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chent à la plaine du Cul-de-Sac. Dans ses vues, il tend à resserrer la possession des Anglais dans cette partie. Le moyen pour Laveaux, qui reste paisiblement au Port-de-Paix, de ne pas subir l’influence de cet esprit organisateur, de cette intelligence remarquable, qui ne cèdent rien à une activité prodigieuse !

Toutefois, si T. Louverture comptait sur les manœuvres qu’il pratiquait à l’Arcahaie, il ne comptait pas sur l’habileté de Lapointe à les déjouer, avec son courage et son activité pour entreprendre des conquêtes hors du lieu où il commandait. Le Mirebalais était à peine soumis, que T. Louverture dut se porter, et sur la ligne de la Marmelade menacée par les Espagnols et Jean François, et sur celle de l’Artibonite menacée par les Anglais. Il secourut à temps, le colonel Moïse chargé de la défense de la première, et les ennemis furent repoussés de ce côté. Accouru aux Vérettes, il battit Dessources qui était sorti de Saint-Marc : là, il était secondé par la bravoure de Dessalines, de Clervaux, de Desrouleaux et de ses autres officiers, dont il rendit témoignage à Laveaux. « Les chevaux (les cavaliers) que j’avais mis aux trousses des fuyards m’amènent à l’instant M. le chevalier de Quincarneau, major de la légion de Dessources. Je vais vous envoyer cet officier. » Il est sous-entendu que si le gouverneur général juge convenable de faire fusiller cet émigré français, ce sera à lui d’en répondre devant Dieu.

Nous venons de parler de Lapointe. À la fin d’août, après s’être ménagé aussi des intelligences avec Rebel, homme de couleur du Mirebalais, Lapointe partit de l’Arcahaie avec une colonne, en même temps que l’émigré vicomte de Bruges partait du Port-au-Prince, à la tête