Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/80

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ignorer qu’au milieu de la tourmente d’une révolution bien plus grande encore dans les colonies que dans la métropole, il était impossible que des administrateurs ne commissent pas beaucoup de fautes ; que les commissaires civils, forcés de prendre rapidement leur parti dans des événemens imprévus, n’ont pas eu le plus souvent le choix des moyens ; qu’ils ont été réduits dans plus d’une circonstance à prendre, en connaissance de cause, de deux maux le moindre, et que plus d’une fois ils ont dû être égarés par ceux qui les entouraient. »

On ne pouvait pas porter un jugement plus éclairé sur la conduite de Polvérel et de Sonthonax : c’est, en effet, par les grands résultats d’une administration quelconque, qu’il faut juger les hommes politiques. Lorsque ces résultats profitent à la grande majorité d’un peuple, la postérité passe volontiers condamnation sur les faits particuliers, quoique la morale ait toujours le droit de réclamer contre les abus de pouvoir qui blessent ses principes, et que la saine politique qui en est inséparable, ait aussi le droit d’examiner si une faute commise n’exerce pas ensuite une influence désastreuse sur des faits postérieurs. Mais, où trouver un seul homme infaillible dans l’exercice du pouvoir ?

Peut-être cet acquittement, ou cette absolution donnée à ses actes, influa-t-elle sur la conduite de Sonthonax dans sa seconde mission. C’est ce que nous allons examiner bientôt, afin de reconnaître s’il doit être seul responsable de ses actes, ou si le Directoire exécutif ne doit pas en partager la responsabilité.

Nous remarquons que si les débats recueillis furent successivement imprimés et livrés au public, le rapport lui-même n’a été imprimé et distribué au corps législatif