Honnête homme, le plus honnête peut-être parmi nos révolutionnaires, digne, par toutes ses qualités morales, de diriger en temps de paix un peuple dans la conquête de ses libertés, il s’effrayait trop des agitations ; il poussait surtout trop loin son respect pour les autorités passionnées que la métropole envoyait incessamment dans la colonie. Ce respect outré le porta toujours à trop s’effacer, à ne pas montrer assez d’énergie dans certaines circonstances où il fallait contraindre ces agens à compter avec lui : de là ses fautes, ses torts, produits par l’erreur du jugement. Il est évident que dans la résolution qu’il prit d’abandonner son poste, l’erreur seule détermina sa conduite : la lettre machiavélique de Roume foudroya sa raison, et il le dit lui-même dans la sienne aux officiers. Connaissant toutes les obligations qui lui étaient imposées pour le salut de l’armée et des populations qu’il dirigeait, ne pouvait-il pas en appeler au Directoire exécutif, contre les inculpations de Roume, d’ailleurs si peu fondées ?
Ce jugement que nous portons sur Bauvais, diffère en bien des points de celui que porte M. Madiou à son égard ; mais nous avions prévu que nos appréciations différeraient quelquefois, sur les choses et les hommes qui ont marqué dans les révolutions de notre pays, et plus d’une fois déjà nous l’avons prouvé.
Selon notre compatriote, « Bauvais ne vit qu’une guerre d’ambition dans celle qui se faisait alors ; il ne voulait pas être dominé ni par T. Louverture, ni par Rigaud ; le premier marchait vers l’indépendance et blessait ses sentimens tout français ; le second le froissait en ne voulant pas souffrir de supériorité ; si celui-ci devenait