Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/160

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ils seront incarcérés, et compte me sera rendu par ceux qui auront ordonné leur arrestation[1].

Chargeons spécialement les généraux et chefs de brigade, commandans d’arrondissement, les commandans militaires et commandans de gendarmerie, de l’exécution de la présente, chacun en ce qui les concerne : les rendant personnellement responsables de son exécution.

Cette ordonnance était rendue au plus fort du siège de Jacmel : la tranquillité dont elle parle, qui commençait à se rétablir, s’entend du calme qui succéda dans le Nord, dans l’Artibonite et dans l’Ouest, après les massacres exécutés dans ces départemens. On conçoit que pendant leur exécution et les agitations qu’ils occasionnaient, tous les mauvais sujets profitèrent de ces excès pour lever la tête, puisque c’était la portion éclairée de la population noire qui en était victime.

T. Louverture avait raison de réprimer ces pratiques superstitieuses venues d’Afrique dans la colonie : elles ne pouvaient que perpétuer la barbarie dans la population noire. En agissant ainsi, il s’élevait à la dignité du législateur qui doit se proposer la civilisation des hommes. Le culte du Vaudoux ne peut qu’y nuire. Tous les chefs du pays se sont attachés, comme lui, à le défendre, en employant plus ou moins de sévérité. Il est à remarquer que ceux du Nord ont toujours mis une rigueur très-grande dans la punition de ces sorciers, dont l’influence sur les esprits ignorans finit toujours par devenir excessivement dangereuse[2]. Un chef s’honore aux yeux de la postérité, quand

  1. La punition corporelle consistait à être battu de verges, quelquefois jusqu’à mort.
  2. Dessalines, devenu chef du gouvernement, fui inexorable envers les Vaudoux et tous les sorciers : il les punissait de mort. Au reste, la sorcellerie n’est pas une invention de la race africaine : la race européenne l’a pratiquée aussi dans les siècles d’ignorance. Il faut des lumières à tous les hommes, pour les affranchir de toutes les erreurs.