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Santo-Domingo. Mais, déjà, Roume l’avait fait immédiatement remplacer par le général A. Chanlatte, qui était dans la partie française, et que T. Louverture n’avait pas voulu employer dans la guerre du Sud, comme le disait la proclamation du 3 juillet. Le nouvel agent avait eu ordre de Roume, de réclamer de nouveau, avec les plus vives instances, que Don J. Garcia fît cesser absolument le trafic des noirs, pour ôter tout prétexte à T. Louverture de prendre possession de la partie espagnole. Une lettre de Chanlatte à ce gouverneur, du 14 janvier, témoigne de cette sollicitude en faveur des noirs qu’on y vendait.

T. Louverture était parvenu à l’une de ses fins, par le départ de Kerverseau qu’il avait pris en haine, pour sa lettre du 5 juillet ; et Roume le crut apaisé par ce résultat ; mais il ne connaissait pas encore tout ce qu’il y avait de persévérance et de résolution dans ce caractère[1].

Il l’avait mécontenté par son refus formel de l’autoriser à prendre possession de la partie espagnole, et déjà la capture de sa flotille par les Anglais l’avait indisposé contre cet agent. Or, T. Louverture savait garder rancune. Le 2 février, il fit refuser à Roume, une somme de mille piastres qu’il lui demandait à valoir sur son traitement. En même temps il l’invita à se rendre au Port-au-Prince, pour légaliser les opérations qu’il voulait ordonner contre Rigaud. La résistance de Jacmel l’inquiétait, ou plutôt, étant obligé de se tenir dans l’Ouest pour activer le siège de cette ville, il voulait avoir Roume à sa portée, afin

  1. T. Louverture était vindicatif. Au mois d’août, Martial Besse arriva au Cap venant de Bordeaux. Roume écrivit au général en chef et lui annonça son arrivée, en lui disant que Martial Besse pouvait lui parler de ses enfans qu’il avait vus à Paris ; mais quelque temps après, il le fit déporter aux États-Unis. Dieu vengea ce mulâtre, en permettant qu’il pût lui être utile au château de Joux.