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d’exercer sur lui la pression nécessaire à l’obtention de l’autorisation demandée pour la partie espagnole.

Roume, qui pouvait et qui savait résister quand il le voulait, fît publier une adresse pour ordonner l’expulsion des agens anglais de la colonie. M. Wrigloworth venait d’y arriver de Londres, à propos des difficultés survenues par la tentative d’insurrection à la Jamaïque et la capture de la flotille, et pour les aplanir avec T. Louverture[1]. En refusant de se rendre au Port-au-Prince, Roume lui écrivit le 4 mars : « Faites exécuter cette adresse, mon cher général, si vous voulez que je me rende auprès de vous. Alors, réunis de principes, nous agirons de concert. Les ennemis de la France vous ont proposé des mesures qui doivent justifier la révolte de Rigaud, si vous n’avez pas le courage de vous prononcer contre les Anglais.  » Il termina cette lettre, en lui demandant de lui envoyer au Cap, la corvette la Diligente, arrivée depuis quelque temps, pour se rendre en France[2].

Roume pouvait donc résister à T. Louverture ! Quand il se rendit au Cap avec lui, après les conférences du Port-au-Prince, c’était donc par sa volonté, ainsi que nous l’avons dit, contrairement aux assertions de Kerverseau ! C’était pour avoir le prétexte de dire, qu’étant éloigné du théâtre des hostilités, il ne pouvait les empêcher. En se refusant maintenant de se rendre dans cette ville, il était encore parfaitement libre ; en fulminant contre les agens

  1. Rapport de Kerverseau.
  2. Un rapport d’A. Chanlatte au ministre de la marine, du 9 juin 1800, affirme que le capitaine et les officiers de la Diligente furent mis en prison par ordre de T. Louverture, dès que la demande de cette corvette lui parvint : sans doute, il voulut faire sentir à Roume qu’étant son complice, il devait rester dans la colonie pour partager la solidarité de tous ses actes.