Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sions, il déclara qu’il ne permettrait plus qu’à Don Garcia et à sa troupe de quitter la colonie, que tous les habitans y resteraient jusqu’à ce qu’il reçût de nouveaux ordres de France. Il ajouta à cette déclaration, qu’il mettait tous les Espagnols indistinctement sous la protection de la République ; qu’il se rendait personnellement responsable de tous les attentats qui seraient commis contre leurs personnes et leurs propriétés, en ordonnant en outre des punitions sévères contre tout officier ou soldat de son armée qui serait coupable d’une vexation quelconque contre les habitans ; mais d’arrêter aussi les auteurs de ces calomnies. Les officiers supérieurs furent requis de tenir la main avec rigueur, à l’exécution de sa proclamation.

Don Garcia demanda à T. Louverture une copie authentique de cet acte, qui lui fut remise le 9 février. L’ex-gouverneur voulait avoir un titre en forme, en cas d’événement sinistre, pour accuser au besoin l’homme qui lui écrivait, le 27 mars 1794, tant de protestations de soumission et de fidélité, au moment où il se préparait à massacrer les Espagnols aux Gonaïves, où il tendait un piège à Don Cabrera.

C’est la punition anticipée des hommes sans foi, des grands coupables, de voir leurs intentions sans cesse suspectées. La méfiance publique devient ainsi le précurseur du jugement de Dieu à l’égard de leurs méfaits, et elle porte le trouble dans leur conscience.

Le même jour, 8 février, une autre proclamation parut, adressée aux habitans de la ci-devant partie espagnole. Après leur avoir fait la comparaison, entre l’état des cultures dans cette partie et celui existant dans la partie française, tout à l’avantage de cette dernière, pour les inviter à imiter les Français dans la production des denrées des-