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tinées à l’exportation, qui procurent l’aisance et même la richesse, il ordonna la plantation des cannes, du café, du coton, du cacao.

« Il est de l’intérêt des habitans, dit-il, de sortir de l’indolence à laquelle ils étaient livrés : partout la terre n’attend que les secours des bras pour ouvrir ses trésors, pour récompenser ceux qui se livreront à la culture de ces riches productions, — tandis qu’elle laisserait dans la misère ceux qui cultivent des bananes, des patates, des ignames, productions sans valeur dans cette colonie. »

Sans valeur, bien entendu pour l’exportation, mais immensément utile pour la nourriture du peuple.

C’est donc une erreur commise par M. Madiou, quand il dit que T. Louverture prohiba la culture de ces vivres[1]. Il n’y a pas de défense faite d’en planter, dans cette proclamation ; et il aurait été coupable de prendre une telle mesure, qui aurait exposé ces populations à la disette, à périr de faim. Il était trop prévoyant pour agir ainsi.

« C’est un bon père qui parle à ses enfans, continue la proclamation, qui leur indique la route du bonheur pour eux et leur famille, qui désire les voir heureux. Je n’ai jamais pensé que la liberté fût la licence, que des hommes devenus libres pussent se livrer impunément à la paresse, au désordre : mon intention bien formelle est que les cultivateurs restent attachés à leurs habitations respectives ; qu’ils jouissent du quart des revenus ; qu’on ne puisse impunément être injuste à leur égard ; mais en même temps, je veux qu’ils travaillent plus encore qu’autrefois, qu’ils soient subordonnés ; qu’ils remplissent avec exactitude tous leurs devoirs, bien résolu à punir sévèrement celui

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 88.