Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/339

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bords du Nisao. Il ne convenait pas à la politique cruelle de T. Louverture, de conserver un officier qui s’était conduit avec tant de valeur à Tavet, au siège de Jacmel, dans l’évacuation de cette place, et dans les autres combats qui eurent lieu, entre lui et Rigaud, jusqu’à Aquin : ce brave avait eu encore le tort de montrer son courage récemment ; il pouvait devenir influent. L’homme qui venait d’en appeler de toute sa conduite antérieure, qui en appelait au témoignage de Dieu lisant dans son cœur, pour donner des assurances aux colons, voulut leur donner un autre gage : il ordonna à son frère Paul Louverture de faire assassiner Gautier. Cet infortuné, digne d’un meilleur sort, eut ordre à son tour de remplir une mission dans l’arrondissement de Santo-Domingo : il tomba dans une embuscade tendue à son innocence, et fut baïonnette.

La justice de Dieu annota ce nouveau crime.

Paul Louverture, élevé, comme on vient de le voir, au grade de général de brigade dès l’entrée du général en chef à Santo-Domingo, y resta en qualité de commandant du département de l’Engaño : la 10e demi-brigade, sous les ordres du colonel Jean-Philippe Daut, y tint garnison.

Le département de Samana fut confié au commandement du général Clervaux, à la résidence de Saint-Yague : la 6e demi-brigade, qu’il avait commandée, prit garnison dans cette partie.


T. Louverture traversa toutes les bourgades par où il avait passé, pour retourner au Port-au-Prince. Arrivé là, il reçut un accueil digne de toutes les opérations qu’il venait d’accomplir dans l’ancienne partie espagnole. Un arc-de-triomphe fut dressé à l’entrée de la ville, au-devant de la porte Saint-Joseph. Le curé Lecun, préfet aposto-