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au Dondon, enfin dans toute la province du Nord. Par une matinée du 25 vendémiaire (17 octobre) le général Moïse sortit du Cap (foyer de la conspiration où il est le chef supérieur), réunit plusieurs centaines de cavaliers et parcourut la plaine du Nord, organisant l’insurrection qui devait éclater le 29 vendémiaire. En effet, dans la nuit du 29 au 30 du même mois, des mouvemens insurrectionnels se manifestèrent dans presque tout le département du Nord. 250 blancs furent massacrés… Moïse entreprenait une guerre dont le but était l’extermination des blancs, l’union des noirs et des jaunes, et l’indépendance de son pays. L’on disait dans les campagnes du Nord, que Dessalines et Christophe avaient consenti au projet du rétablissement de l’esclavage par le gouverneur.[1] »

Ecoutons maintenant Pamphile de Lacroix, arrivé dans la colonie trois mois après ces événemens :

« Le général Moïse, présomptueux dans sa fortune,… ne changea rien (après la menace du gouverneur) à ses propos ni à ses mœurs, que son oncle blâmait. Pour son malheur, quelque temps après, pendant que T. Louverture était au Port-au-Prince, les noirs du département du Nord, à qui le travail plaisait moins que la licence, voulurent reprendre leurs anciennes habitudes. Plusieurs ateliers, dans la plaine du Limbe, égorgèrent tout-à-coup leurs gérans et les blancs qu’ils purent atteindre. Ce soulèvement inattendu ; vint aux portes du Cap, et coûta la vie à 300 blancs ; mais comme la révolte n’était point tramée de longue main, et qu’elle dérivait plutôt des dégoûts de la culture que de l’inquiétude occasionnée par les bruits de paix (en Europe), les nouveaux révoltés furent facilement

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 118.