Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/458

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plus qu’un nègre révolté [1]… Oh ! nous ne le plaignons pas d’avoir encouru la disgrâce des colons et du gouvernement consulaire ! Il la méritait bien, ce grand coupable qui, pour satisfaire son insatiable ambition, son égoïsme, couvrit le sol de son pays des cadavres de ses frères et de ses neveux !

On peut reconnaître des rapprochemens entre le rapport de Kerverseau et les Mémoires de Sainte-Hélène, notamment ce qui concerne la déportation des chefs. On verra encore les troupes françaises débarquer à Saint-Domingue sur quatre points à la fois, — au Fort-Liberté, — au Cap, — au Port-au-Prince et à Santo-Domingo, dans cette dernière ville, sous les ordres de Kerverseau lui-même, ainsi qu’il l’avait conseillé et probablement indiqué ; car il connaissait cette colonie. Nous pourrions donc induire de ces rapprochemens que la pensée de l’expédition était arrêtée d’avance, avant la réception de la constitution de T. Louverture. En veut-on d’autres preuves ?

Les Mémoires de Sainte-Hélène, reproduits dans l’ouvrage du général Montholon, et qui avaient pour objet principal de réfuter certaines erreurs commises par Pamphile de Lacroix, disent encore :

« Les années 1800 et 1801 furent deux années de prospérité pour la colonie. Cependant, les vraies dispositions des chefs des noirs ne pouvaient pas échapper au gouvernement français. Toussaint continuait à avoir de

  1. Il faut dire que T. Louverture persécuta Kerverseau, d’abord pour lui avoir adressé une lettre énergique après le départ d’Hédouville, où il lui reprocha cet attentat contre l’autorité de la France ; ensuite, pour en avoir écrit plusieurs autres à Roume, où il reprochait à ce dernier sa mollesse à l’occasion de la guerre du Sud. Comme on l’a vu au 4e livre, T. Louverture exigea son remplacement de Roume.