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intelligences secrètes à la Jamaïque et à Londres. Il avait constamment éludé l’ordre de faire écrire en lettres d’or, sur les drapeaux de ses régimens, l’inscription ordonnée par l’arrêté consulaire de 1799. »

Conçoit-on qu’un esprit de la trempe du Premier Consul avait besoin d’autres motifs pour se déterminer à ordonner une expédition contre Saint-Domingue ? Qu’on rapproche ce passage des Mémoires, avec l’article du Moniteur, du 5 janvier 1800. Mais il fallait attendre la conclusion de la paix avec la Grande-Bretagne : celle de Lunéville l’avait fait présager. Les préliminaires de la paix d’Amiens furent signés à Londres le 1er octobre.

Le 29 septembre, la France avait conclu la paix avec le Portugal ; le 30, une convention fut signée avec les États-Unis, pour régler tous les différends existans depuis plusieurs années entre les deux pays. Le 8 octobre, la paix se fit avec la Russie, le 9 avec la Turquie.

La France n’était donc plus gênée dans ses vues sur sa colonie.

Le Moniteur du 3 octobre (11 vendémiaire) publia la constitution de T. Louverture, qui venait d’arriver par les États-Unis, avec ces seuls mots : « Nous ne garantissons pas l’authenticité de la constitution de Saint-Domingue que nous avons extraite des papiers américains. »

Celui du 4 contient l’analyse d’une brochure qui venait de paraître, publiée par Charles Esmangart, colon de Saint-Domingue. Il y concluait au maintien de la liberté des noirs, quoiqu’elle eût été faite avec précipitation ; qu’il serait aussi injuste qu’impolitique de revenir sur le principe de cette émancipation. Il faisait sentir néanmoins la nécessité d’établir à Saint-Domingue un gouvernement très-fort, de rétablir les colons dans leurs biens, de proté-