Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partement et partout où il avait encore des partisans secrets de la cause qu’il soutint contre T. Louverture, et qu’il fut embarqué et déporté en France avec plusieurs de ces officiers, avant son rival. On verra aussi quelles mesures furent prises ensuite, en France même, contre les hommes de couleur.

Si nous pouvions nous convaincre que Leclerc a réellement enfreint ses instructions à l’égard des hommes de couleur, comme on l’a dit, nous provoquerions de notre pays l’érection d’une statue à ce général ; car, alors, il aurait rendu le service le plus éminent à la race noire. Mais, non, il n’y a pas lieu pour sa mémoire de jouir d’un tel honneur : il a positivement fait ce qui lui avait été prescrit, et c’est au Premier Consul lui-même que nous devons en rendre grâces. Nous applaudissons sincèrement à la résolution qu’il prit de renverser T. Louverture dont la tyrannie opprimait sa race, de faire persécuter les hommes de couleur et de tenter le rétablissement de l’esclavage légal à Saint-Domingue : par ces injustices, même en ce qui concerne T. Louverture si dévoué aux colons, il a donné naissance à un peuple de plus dans le monde, il a accéléré l’émancipation générale des noirs dans les Antilles ; car cet événement inattendu y a puissamment contribué.

Supposons, au contraire, T. Louverture maintenu à son poste par le gouvernement consulaire, et il sera facile de concevoir que la servitude des noirs se serait perpétuée à Saint-Domingue et ailleurs. En effet, son despotisme sanguinaire se fût maintenu sur son pays, il se fût raffermi — par le courant de barbarie que ce chef y aurait introduit avec la traite des noirs d’Afrique, prévue dans sa constitution toute favorable à la race blanche, —