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À l’égard de Rigaud, dans notre 3e livre nous avons parlé de ses antécédens, jusqu’au moment où les injustices de l’agence de 1796 le contraignirent à garder le pouvoir dans le Sud : nous n’y revenons pas. Mais nous l’avons vu ensuite, prendre l’initiative de démarches fraternelles auprès de T. Louverture, pour l’éclairer, appeler son attention sur les suites que pouvait avoir à Saint-Domingue, l’astucieux machiavélisme de Sonthonax. Dans le but d’éviter la guerre civile entre les deux classes colorées, il a continué cette correspondance, il a obéi à son émule devenu général en chef de l’armée, malgré le mécontentement qu’il pouvait éprouver de ce fait ; il s’est entendu avec lui après le départ de Sonthonax, pour agir de concert contre l’ennemi étranger. Hédouville succède à Sonthonax, et Rigaud continue d’obéir aux ordres de T. Louverture : nous l’avons prouvé par des actes irréfutables.

Rigaud se transporte au Port-au-Prince auprès de son chef ; ils vont ensemble au Cap. Peu de jours après l’arrivée d’Hédouville, Rigaud avait été élu député au corps législatif, et vraisemblablement il s’était fait élire pour trouver une occasion de sortir honorablement de la colonie. Sachant les injustes préventions nourries contre lui par le Directoire exécutif, il sollicite de son agent sa démission du commandement du Sud pour aller remplir son mandat de député ; mais Hédouville la lui refuse ; il le comble d’égards et le renvoie à son poste. T. Louverture en conçoit une puérile jalousie ; cependant ils retournent ensemble du Cap ; Rigaud agit sous ses ordres dans l’évacuation de Jérémie par les Anglais.

Attaché, dévoué à la France, comme l’étaient alors tous les hommes éclairés de sa classe, jaunes et noirs, qui n’attribuaient qu’à ses agens les mauvaises mesures prises