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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/257

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Les officiers supérieurs qui exécutèrent le désarmement furent Dessalines, Christophe, Clervaux, Maurepas, Pétion, Macajoux, Magny et Jean-Louis Louverture, neveu de Toussaint, dans les diverses localités où ils se trouvaient, — dans l’Ouest, l’Artibonite et le Nord. Ils réussirent à faire rentrer dans les arsenaux plus de trente mille fusils, d’après P. de Lacroix. Cet auteur fait la remarque que, dans l’Ouest, il n’y eut que les villes et quelques quartiers des campagnes qui remirent leurs armes. L’opération n’avait donc pas été dirigée seulement contre les cultivateurs : elle le fut aussi contre les noirs et les mulâtres des villes, qui formaient la garde nationale.

Pétion était au Port-au-Prince avec la 13e, lorsqu’il reçut l’ordre d’aller dans les montagnes de l’Arcahaie pour cette opération.

Dans le Sud, elle réussit complètement par les soins de Laplume, Néret et d’autres chefs secondaires.

Leclerc fut si joyeux du résultat obtenu, qu’il adressa des félicitations publiques à tous ces officiers de l’armée coloniale. Il y comprit le général Boyer et les chefs de bataillon Grandseigne, Erré et Mouchet, quatre Européens. Boyer, dans la péninsule du Môle, mit tant d’atrocités dans l’exécution de cette mesure, que les soldats français eux-mêmes le surnommèrent le cruel. Christophe ne mérita pas moins ce surnom, pour la fureur qu’il déploya dans les campagnes du Nord : de même que ce général français, il faisait pendre sans pitié tous les cultivateurs qu’il soupçonnait avoir caché leurs armes.

Rassuré parle succès obtenu, le capitaine général se rendit à la Tortue avec sa femme et sa maison militaire. Il avait pris en passion le séjour enchanteur de cette petite île où la température est si douce. Baignée de tous