Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/319

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l’alarme aussi, par le récit qu’il fît de ce qui venait de se passer à la Petite-Rivière. Aussitôt, Faustin Répussard prit la résolution de se rendre à Saint-Marc. Il avait sous ses ordres un bataillon de Polonais et un autre de la 12e coloniale commandé par Désiré, ce même noir qui était à Jérémie avec Dommage. Les soldats de la 12e laissèrent percer leur satisfaction de la nouvelle des événemens de la Petite-Rivière et leur désir de prendre parti avec Dessalines ; mais leur commandant montra de l’hésitation. Lorsque Faustin Répussard arriva à Saint-Marc avec la garnison des Verrettes, le rapport fut fait au général Quentin des dispositions des militaires de la 12e à s’insurger ; et tout ce bataillon, y compris son chef, fut mis à mort dans cette ville. Le capitaine Apollon, qui devint plus tard colonel de ce corps, fut le seul qui réussit à s’évader en se précipitant dans la mer : il nagea et gagna la rive hors de l’enceinte de la place.

En possession de la Crête-à-Pierrot et des munitions qu’il y trouva, Dessalines envoya l’ordre à Vernet d’attaquer les Gonaïves, tandis qu’il se disposait à venir l’appuyer. Vernet voulut user d’un stratagème, en y faisant pénétrer le colonel Gabart avec la 4e coloniale pour agir contre les Français, pendant que les insurgés de Cornus et de Jean Labarrière attaqueraient la place. Mais ces derniers ne donnèrent pas le temps à Gabart d’exécuter cette manœuvre ; ils allèrent se faire battre et se débandèrent. À son tour, Gabart se présente en répondant au qui vive : 5e demi-brigade légère ! parce que la 4e avait été incorporée dans cette troupe française. Sur le point d’entrer dans la place, un de ses officiers prononça un mot qui donna l’éveil aux Français : ils tirèrent sur la 4e qui fut mise un instant en déroute. Gabart, bouillant d’ardeur,