Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/348

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tante de l’Ouest, qui allait être évacuée, non-seulement se raffermit, mais même encore, sur les ordres subits du général Rochambeau, envoie des secours en hommes au Port-au-Prince, dont tous les environs étaient infestés de brigands. Le Sud éprouve les mêmes impulsions, et les plans des malveillans y sont déconcertés. Le général en chef ne tarde pas à se rendre au Cap ; à peine il y paraît… l’armée prend une attitude plus militaire, la garde nationale se multiplie et trouve de nouvelles forces. Le Fort-Dauphin est repris ; le nom seul de Rochambeau fait trembler les brigands ; partout ils abandonnent leurs postes, et ils laissent enfin respirer la partie du Nord. Alors la colonie entière a reconnu, dans le général Rochambeau, l’homme qui a défendu la Martinique contre les Anglais, l’homme qui fut embarqué par Sonthonax et ses adhérens, à cause de ses vues favorables au système indispensable à Saint-Domingue ; l’homme, enfin, qui, depuis son arrivée avec cette dernière expédition, n’a cessé d’émettre les opinions les plus saines et les plus conséquentes ; tous les colons s’écrient donc d’une voix unanime : « Rochambeau est le chef qu’il faut à Saint-Domingue, et que réclame la chose publique… » Un chef éloigné par ses principes et sa moralité, de ces vaines abstractions d’une fausse philosophie, inapplicables dans un pays dont le sol ne peut être fécondé que par des Africains, qu’une discipline sévère doit comprimer… Obtenez, Messieurs et chers concitoyens, du Premier Consul Bonaparte ce que nous désirons avec tant d’ardeur, et nous osons vous promettre que Saint-Domingue renaîtra de ses cendres, et versera encore, dans le sein de la métropole, des produits qui augmenteront son commerce, et seront pour elle une nouvelle source d’abondance et de prospérité.

Après avoir dit ce que fît ce nouveau chef de la colonie, de la mi-novembre à la fin de décembre, voyons ce que firent les indigènes en divers lieux :

Quand Pétion, Clervaux et Christophe abandonnèrent le Haut-du-Cap, le 8 novembre, leurs munitions étaient épuisées. En vain Pétion en avait fait demander à Sans-Souci qui possédait quelques milliers de poudre, et qui se tenait vers la Grande-Rivière sans prendre part à leur lutte autour du Cap. Pétion s’était vu contraint d’aller en