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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/366

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que Pétion était à la réserve, formée de la 7e. Après une vive résistance, les deux forts furent pris, et le bourg lui-même resta au pouvoir de Pétion. David-Troy rallia sa troupe et se retira à Las Caobas.

Dirigeant sa marche par le canton des Grands-Bois, Pétion descendit au Cul-de-Sac, sur l’habitation Thomazeau, située dans le canton de la Grande-Plaine : son but n’était pas de perdre son temps à attaquer les nombreux postes français qui couvraient cette plaine. Il était parvenu du côté opposé, sur l’habitation Lamardelle ; mais un détachement ennemi y étant venu en reconnaissance, il alla occuper l’habitation Pierroux dont la position était plus défendable. L’alarme avait sonné à la Croix-des-Bouquets et au Port-au-Prince ; il était à craindre que Pétion ne parvînt à soulever les cultivateurs du Cul-de-Sac, jusque-là soumis aux Français : infanterie, cavalerie, artillerie légère, furent déployées contre lui ; environ mille hommes de cette première arme, plus de quatre cents cavaliers et quatre pièces de canon. Dans le premier choc, les indigènes repoussèrent l’ennemi ; mais n’ayant plus de munitions, écrasés par la mitraille, ils furent défaits et mis en déroute. Pétion ne put rallier sa troupe qu’au pied des mornes.

On peut comprendre facilement cette pénurie de munitions chez les indigènes : où en auraient-ils pris en suffisante quantité pour en être toujours pourvus ? Et comment faire la guerre avantageusement sans poudre ? Si les Français se montraient braves sur tous les champs de bataille, c’est une qualité qu’on ne saurait jamais dénier à cette nation belliqueuse ; mais ils avaient encore sur les indigènes ce grand avantage d’être toujours bien pourvus de tout, d’être disciplinés et d’avoir une